Mon père voulait m'appeler Liko, ma mère voulait m'appeler Héktôr. Le premier faisait trop chips et le second trop guerrier. Au final, c'est Tyméo qui s'est inscrit sur le bracelet en plastique de la maternité. Je suis né et j'habitais en Grèce, le pays natal de ma mère, jusqu'à l'âge de 10ans. Ensuite, mes parents ont décidé de retourner dans le pays natal de mon père, Haïti, où j'y suis resté pendant 11 années!

Dis-moi, qu'est-ce que tu veux faire quand tu seras grand? Qu'on ne dise pas le contraire, la phrase type qui revient à chaque fois que l'on va chez des personnes ou que celles-ci viennent chez nous, concerne notre avenir! Ainsi, nous avions d'innombrables: Et les études pour le grand?, Ca va t'amener à quoi pour plus tard?, Tu as une idée de ce que tu veux faire?... En grandissant, je ne changeais pas vraiment mon discours, j'avais toujours en tête d'être mon propre patron. Bien entendu, la plupart du temps les convives ainsi que mes parents riaient. Comme la plupart des gamins quand on leur détruit en quelque sorte leurs projets futurs et leur ambition, j'ai changé. J'avais décidé d'être primeur. Mais attention, si j'avais ce projet en tête c'est parce que je pensais reprendre le magasin d'Ahu-Lanni, mon copain, de 40ans mon aîné....

Une page à tourner sans jamais la relire...
Mon père, un fan de vitesse, un fou de sensations fortes, un passionné de voiles, était parti comme à son habitude dès que l'hiver se termine, s'éclater contre les vagues, sentir l'air marin et partager ce moment avec des amis!
Au bout de deux jours, ma mère alla voir auprès des autorités, rien. La semaine fut longue. L'air était pesant à la maison. Puis, à la fin du mois, on reçut un appel. Papa était au commissariat.
Quand le médecin légiste avait remis le drap blanc sur son corps, il nous expliqua qu'ils avaient été pris dans une tempête... Les voiles avaient été déchirrées, le mat était tombé à l'eau... Un marin sur les trois était encore porté disparu.
Une fois que j'atteignis la majorité, ma mère me donna une certaine somme d'argent avec une enveloppe. Mon père m'avait fait un courrier. Il me disait qu'il ne savait pas les temps qui pouvaient éclater lorsqu'il était de sortie maritime, qu'il prévoyait cette lettre au cas où (elle était datée de 4ans en arrière, soit 2ans avant sa mort). Il disait dessus que l'argent qu'il me confiait, je devais en faire bonne usage. Et sur le ton de la plaisanterie, il me confiait que je pouvais peut-être acheter le magasin d'Ahu-Lanni, ce qui serait un aboutissement de mon rêve de gosse, ête mon patron.
Je l'ai écouté, j'ai acheté. Ahu-Lanni qui ne pouvait plus gérer, continuait de vendre au magasin. J'ai gardé la boutique, en plus d'une autre de souvenirs au bord de plage, pendant toutes mes années études de marketing/gestion.

Je pars à l'ascension du mont Dollars! Mon père m'avait donné cette somme que j'avais su gérer (même s'il devait y avoir du maternel là-dedans...). Alors, j'ai écouté mon coeur, ma tête, ma raison. Ce n'est pas l'argent que j'ai touché en revendant les magasins plus chers que je ne les avais achetés qui m'a poussé à continuer dans cette voie... C'est la confiance, l'ambition, que mon père avait porté en moi pour mener cet acte à bien, sans oublier le soutien et la présence de ma mère, qui m'ont servi de perche à mon saut! Si aujourd'hui j'ai de multiples postes à responsabilités et des salaires plus élevés que la normale, ce n'est pas pour l'appât du gain, mais plutôt pour la mémoire de mon père et le grand MERCI à ma mère. Le drapeau que je plante en haut de cette montagne de Gloire n'est pas celui de mon pays, mais celui de ma famille!