Après avoir avalé son petit-déjeuner en vitesse, Gregory sortit de son appartement, sur Mayfair. Il descendit calmement les escaliers - l'immeuble possédait un ascenseur mais il trouvait préférable de faire un peu de sport de temps en temps - avant de se retrouver dehors.

Il faisait plutôt frais, la température devant être proche de 0°C. Le vent soufflait doucement, caressant les rares parcelles de peau nue du jeune homme. En effet, Gregory avait eu la bonne idée de bien s'habiller. Gros manteau, écharpe, gants, ... De nature frileuse, il avait préféré s'habiller chaudement, car il savait qu'il avait facilement froid. Il regarda sa montre. Il était encore tôt, il avait du temps avant de devoir aller au travail. Et puis de toute façon, c'était lui le chef ! Il pouvait bien s'accorder le privilège d'être en retard de temps en temps.

Il se mit à avancer à pas lents, en direction de Notting Hill et tout à coup, il aperçu devant lui, une fille qui boitait. Il ne lui fallut pas deux minutes pour la reconnaître, même de dos. Il s'agissait de Callixte, qu'il avait connu au lycée. Eux deux c'était une grande histoire de haine. D'aussi loin qu'il pouvait se souvenir, Gregory n'avait jamais aimé le fait que Callixte ait tendance à se croire la meilleure. Il se souviens encore qu'il se moquait fréquemment d'elle pour cette raison, au lycée. Leur relation n'avait pas vraiment changée depuis cette époque-là. Chaque fois qu'ils se voyaient, ils ne pouvaient s'empêcher de se faire des coups bas, parfois très méchamment. Quelqu'un pourrait-il se douter que le jeune homme commençait en réalité à avoir des sentiments pour la jeune femme? Non, tout le monde pensait qu'ils se détestaient et qu'ils n'étaient pas prêt de faire la paix, ce qui était sûrement vrai. Et puis, comme si Gregory allait dire à Callixte qu'il était amoureux d'elle ! Il avait beaucoup trop de fierté pour ça !

Greg s'approcha de la jeune fille, qui paraissait essayer de s'éloigner de lui, bien que le jeune homme ne sache pas si elle l'avait vue ou non. Il avait beau marcher lentement, rattraper son « ennemie » ne fut pas dur. Une fois arrivé à sa hauteur, il afficha un sourire mesquin.

GREGORY ▬ Tiens, Woodville. Il faut arrêter de faire des folies de ton corps, regarde ce que ça te fait. Ma pauvre, tu ne sais même plus marcher correctement !

Ca, c'était fait. Gregory savait très bien que Callixte aimait s'amuser. Il savait aussi qu'elle ne ressentait que de la haine pour lui. C'était un fait qui ne changerait sans doute jamais. Le jeune homme soupira et se passa une main dans les cheveux - un tic qu'il avait acquis.

▬ Tu as vu quelque part que je te proposais de venir dans mon lit ? Je ne crois pas non, tu crois vraiment que je voudrais de quelqu'un comme toi, même pour une seule nuit ?

Oui, c'était méchant et Greg en avait parfaitement conscience, mais il ne faisait que s'abaisser au niveau de celle qui se trouvait à présent en face de lui. On dit que l'amour et la haine sont les deux faces d'une même pièce. C'était vrai, dans ce cas-ci. Sauf que la seule face que l'on apercevait était celle de la haine; celle de l'amour restait caché et ne se dévoilerait sûrement jamais. Fierté, quand tu nous tiens. De toute façon, Gregory préférait encore fermer les yeux sur ses sentiments naissants, en se disant qu'ils lui passeraient vite. C'était la meilleure chose à faire. La relation qui l'unirait à Callixte resterait de la haine, un point c'est tout.
Callixte lui demanda ensuite s'il n'avait rien d'autre à faire et s'il voulait qu'elle l'aide à marcher. Quelle ironie ! Gregory dut se retenir de rire.

▬ Tu as un sacré humour, Callixte. C'est plutôt toi qui a besoin d'aide pour marcher et puis, si je te gêne tant que ça, tu n'as qu'à avancer.

Le jeune homme se frappa la tête avec un geste théâtral, comme s'il avait oublié quelque chose.

▬ Ah mais oui, c'est vrai ! Je pourrais te rattraper en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, et était donné que je saute sur toutes les occasions qui me permettraient de te rabaisser, c'est sans doute ce que je ferais !

Mais il serait en retard au travail. Tant pis, ça n'arrivait pas tous les jours de pouvoir humilier Callixte pour une raison valable. Greg avait fini par prendre goût à ces disputes incessantes avec la jeune femme. Elles duraient depuis si longtemps que c'en était presque devenu habituel pour lui, de rabaisser celle qu'il haïssait. C'était enfantin, certes, mais on ne change pas les vieilles habitudes.