« projections »

temps ▥ date ▥ saison ▥ heure ▥ 2°C ; trente novembre ; automne ; 18h54 PM ;

Le soleil. Ses rayons incandescents descendent sur son visage endormi. Ses paupières se soulèvent. Il est éblouit. Délicieuse sensation. Derechef, il ferme les yeux. Un mois. Un mois que la chaleur l'a quittée. Il sent sa joue s'enflammer. Une longue inspiration gonfle sa poitrine. Ces matinées pleines de plénitude sont rares. Il le sait. Sa bouche goûte encore un rayon avant que son corps ne s'extirpe de son lit. Les couvertures tombent au sol. Ses doigts dépêtrent le loquet de la fenêtre. Les battants s'ouvrent. La chaleur retenue par la vitre se fraye un chemin dans la pièce. Sa lumière montre au grand jour la danse aérienne des particules de poussière. Elles volent, virevoltent, se posent et recommencent inlassablement. Lui, les admire. Les chasser ? Pas aujourd'hui. Un sourire béat borde ses lèvres alors qu'il pénètre dans la minuscule salle-de-bain de son studio. « Vite. » Il ne tient plus. Sitôt son visage rafraichi, ses vêtements enfilés, ses jambes le ramènent vers la chaleur. Il en gobe une quantité suffisante pour le saouler puis, descend grignoter. Une biscotte entre les dents, il passe devant le réfrigérateur, l'ouvre et sort le lait. En le refermant, son œil est attiré par la couleur vive et jaune d'un post-it. « 18h30. Tu sais où. ». Aucune signature. Inutile. Il a comprit.

Il est à l'heure. Pas elle. La ponctualité n'est pas son fort de toute façon. Il pousse les portes, entre. L'endroit est désert. Ou presque. Les premières séances sont commencées, les secondes, annoncées dans une bonne heure. Les films ne l'intéressent pas. Il prend la direction du snack. Le chemin est gravé sur son crâne pour l'avoir fait et refait ces dernières semaines. Rapidement, il rejoint une des nombreuses tables libres.
« Rien, merci. » déclare t-il au serveur venu l'accueillir. Il n'est pourtant pas contre un verre d'eau glacée. Seulement, elle ne manquerait pas de lui reprocher son manque de galanterie pour ne pas l'avoir attendue. Alors, il s'abstient. Il cale son dos contre le dossier, contre le mur juste derrière, joint les mains sur la table et lance des regards ici et là, sans opinions ni buts. « Ça doit être dans leurs gênes. » pense t-il en regardant la pendule au dessus du bar.