2 jours plus tôt
- Madame Johns, on a un problème…
- Vous voulez dire en plus de la fuite d’eau et du cuisinier qui est tombé malade hier ?
- Eh bien … oui …
- Qu’est ce qu’il se passe encore ?
- Il vient de neiger sur les routes et la livraison de nourriture ne pourra pas être effectuée dans les temps !

Seule au milieu de l’immense hall de son hôtel dans sa robe rouge de haute couture sortie spécialement pour l’occasion, October regardait patiemment autour d’elle. Elle préparait ce bal depuis plusieurs mois maintenant. Il fallait que tout soit parfait, le plus beau bal jamais organisé pour l’occasion. Elle avait mis tout ce qu’elle pouvait dans son travail, laissant presque de côté ses sorties habituelles. L’année passé elle n’avait eu que des compliments sur cette soirée de noël, mais cette année elle voulait faire mieux et elle y arriverait. Le Ritz avait été métamorphosé pour l’occasion, et il avait changé les couleurs de son intérieur jaune pâle pour être à présent blanc et rouge avec un sapin magnifiquement décoré dans chaque coin et les employés finissaient de mettre les tables en place. Ca y était, tout était prêt, et pourtant elle n’y avait pas cru…

Toujours était-il que maintenant il ne lui restait plus qu’a attendre quelques heures et les invités commenceraient à arriver. Tout était prêt, et dans cette salle vide allait bientôt se trouver tous ces Londoniens prêts à faire la fête et à s'observer pour voir qui aura la plus jolie robe ou le plus beau costume. Qui aura les plus beau bijoux ou la plus belle montre... Et ils danserons, les uns ayant pris des cours pour ne pas se ridiculiser, les autres sachant le faire depuis leur enfance - qui oserait se dire de la haute société sans savoir danser la valse ? - et d'autres restant assis sur leurs chaises à discuter. Et demain matin ils seraient tous heureux et enchantés de cette soirée passé au Ritz, une soirée que tous n'aurais surement pas pu se payer dans leur vie de tous les jours.

Assise sur une chaise à la table où elle mangera dans quelques heures elle attendait en se imaginant toutes les hypothèse probable qui pourrait faire de cette soirée un cauchemar, mais toutes entrainait l'apparition de choses improbables... Elle entendit à cet instant des pas derrière elle, elle regarda la montre Dior accroché à son poignet, mais il était encore trop tôt pour que ce soit l'un des invités... Encore une mauvaises nouvelle ? Elle se retournaiit et vit Noah, ce qui valait surement largement une mauvaise nouvelle !

Assise seule au milieu de la salle où se déroulerait dans quelques instants l’un des bals les plus réputés de l’année, October aurait sans doute préféré que l’on vienne lui annoncer l’approche d’une catastrophe climatique plutôt que l’arrivée avancée de ce très cher Noah Woodville. Vous pensez que j’exagère ? C’est bien possible… Toujours était-il qu’elle voyait un peu trop souvent cet homme à son gout. Celui-ci qu’elle ne connaissait pas il y avait de ça quelques mois et qu’elle rencontrait régulièrement depuis cette date. On ne peut pas dire qu’elle ne l’appréciait pas … Elle ne le sentait pas, elle avait beau prendre le caractère le plus exécrable dont elle était capable il ne lâchait pas et semblait sans relâche répondre à ses hostilités – ce qui, croyez moi, est un exploit non mesurable quand on sait à quel point elle peut être ch*ante lorsqu’elle s’y met ! Et tout le monde pourrait l’attester, pour continuer à lui résister lorsqu’elle a décidé d’avoir le dernier mot, il faut en avoir la volonté.

Mademoiselle Johns... Je vois que vous avez sorti toutes vos plumes ce soir.

Elle s’était levée, afin de pouvoir se trouver à sa hauteur et, ce qui était son intention première, de le saluer. Malgré ce qu’elle pouvait montrer en sa présence elle avait été bien élevée et elle se devait d’accueillir son premier invité, d’être aimable au moins quelques minutes. Mais de toute évidence il ne lui laisserait pas le plaisir de commencer et de provoquer le tournant d’une conversation qui commencerait courtoise, mais dont la fin serait immanquablement différente. Elle le regarda un instant de la tête au pied avant de se diriger vers la table où se trouvaient le champagne et d’en prendre deux coupes. Les deux verres à la main elle retourna vers l’homme qui n’avait toujours pas bougé. Elle n’avait toujours rien dit, mais ne comptais surement pas en restez la, il avait décidé de commencer ? Ainsi soit il, elle finirait…

De toute évidence ce n’est pas votre cas ! Il est trop gentil d’avoir bien voulu prendre quelques minutes de votre précieux temps pour vous faire remarquer ici. Mais comme vous pouvez le voir, vous êtes arrivés trop tôt pour le tapis rouge et les photographes.

Un sourire visiblement hypocrite était apparu sur son visage alors qu’elle tendait la coupe qu’elle tenait à Noah. Elle regarda de nouveau sa montre, et en effet il était arrivé un peu plus d’une demi-heure en avance… Une demi-heure en tête à tête avec cet homme important de la mairie la faisait rêver, comme vous pouvez aisément l’imaginer. Surtout en ces conditions, malgré ce qu’elle voulait bien laisser paraitre, le stress s’accumulait avec chaque minute qui passait… Stresser seule, c’est facile, on peu hurler, taper sur tout ce qui ne bouge pas ! Mais stresser quand quelqu’un vous regarde et est près à vous envoyez paitre au moindre faux pas… Ce n’est que du bonheur !

Ce n’était vraiment pas dans ces habitudes de laisser paraitre ce qu’elle ressentait réellement, en tous les cas, surement pas lorsqu’elle se retrouvait en face de personnes avec lesquelles elle avait une relation similaire à celle qu’elle entretenait avec Noah. Et elle ne commencerait surement pas aujourd’hui, son anxiété grandissait intérieurement, mais elle paraissait de plus en plus sereine à voir. Sa coupe à la main elle regardait Noah dans les yeux, était-ce de son plein grés ou seulement pour représenté ici la mairie qui n’avait pu se déplacer ? Peu importait à vrai dire, il était là et maintenant il fallait faire avec !

C'est en tout cas bien plus poli que la manière dont vous accueillez vos invités.

Ses invités ? Elle lui aurait rit au nez si seulement il n’y avait pas eut autant de tension dans cette salle dans laquelle s’activait les serveurs et serveuses afin que tout soit près à tant et surtout le plus parfait possible. Sans doute serait elle polie avec les autres, mais on ne pouvait pas dire sans sourire qu’elle était contente de le voir et de le compter parmi ses invités. Et en avance en plus ? Comme si le voir un tête à tête était un honneur et une joie pour elle ?! Alors non, elle n’était pas polie, et elle ne comptait surement pas l’être si par ses remarques déplacées et son caractère détestable elle pouvait le faire rester un peu moins longtemps.

Et qui vous dit que je cherchais des photographes? Votre intuition peut être?

Un sourire s’afficha alors instantanément sur ses lèvres, espérait il réellement lui faire croire qu’il n’était pas venu ici seulement pour se montrer mais parce qu’il aimait se genre de soirée et avait seulement eu envie de venir voir… ? Toujours était il que certes il était mal vue d’arriver en retard, mais qu’aujourd’hui elle aurait certainement préféré que tous arrivent avec une heure de retard, elle aurait ainsi été sure de pouvoir tout préparer et terminé d’agencer les derniers détails de la soirée.
Maintenant, elle n’espérait sans doute qu’une chose, que les gens arrivent le plus vite possible et que la soirée soit lancée. Une fois que les invités étaient arrivés, il n’y avait plus qu’à suivre le mouvement après tout. Et c’était à partir de se seul moment qu’October pourrait réellement commencer à profiter de cette soirée.

Ne vous en faite pas pour mes invités ils seront accueillis de la manière dont il le mérite !
Vous oseriez me dire que vous n’êtes pas venus pour vous montrez ? Je vous manquais donc tant que ça ?

Au vu de votre tête, de votre sourire si peu crédible et de votre accueil, je dirais que vous êtes...Stressée !

Son sourire, ses gestes, ses paroles, le ton de sa voix… Tout sans aucun doute laissait transparaitre le stress qui s’était immiscé en elle depuis les quelques jours qui venaient de s’écouler. Mais devant cet homme à qui elle n’arrivait pas plus haut que le menton, malgré ses talons – trop haut pour être à la portée de n’importe qui – elle ne devait rien laissé paraitre. Et pourtant elle-même ne se serait jamais laissé convaincre par un aussi mauvais jeu d’actrice, alors c’est dire de Noah, qui dans sa vie politique devait en avoir vu bien d’autre. Il était temps de se ressaisir, de troqué se sourire stressé contre celui plus naturel et hautain dont elle avait l’habitude, et se ton incertain contre le franc et moqueur qui lui sciait si bien lors des conversations de se genre. Et puis après tout, laisser ressortir les pires côtés de son caractère ne pouvait qu’être bénéfique et la décontracter, non ? Elle ne savait pas réellement pourquoi, peut être n’y avait il aucune raison, mais lorsqu’elle se trouvait en la présence de Noah elle ne pouvait s’empêcher de faire l’enfant gâtée et la petite peste, comme pour le tester, voir ses limites. Il ne semblait pas vouloir craquer, mais elle y arriverait surement un jour.
Toujours était il qu’en l’espace d’une seconde son attitude changea du tout au tout, et quelqu’un qui arriverait à cet instant n’aurait pu deviner qu’elle était plus que stressée l’instant précédent. Surement que ce changement d’attitude ne bernerait pas Noah, mais en tout cas il y avait de grande chance qu’il se pose la question d’a quel moment elle jouait la comédie ou non.

Voyez vous ça, mademoiselle Johns, grande gérante du Ritz est complètement stressée à l'idée d'organiser le gala, n'est-ce pas...Adorable

Il voulait la guerre ? Très bien, il suffisait de le demander, il l’aurait. Le meilleur moyen d’en finir aurait surement été de le mettre tout simplement dehors, mais gagner la guerre sans en gagner les batailles est tellement ennuyant. Son stress semblait pourtant, avec cette phrase, s’être totalement envolé. Ainsi soit il, elle ne relèverait pas cette attaque direct et se contenterait de lui lancer un vague sourire et un regard agacé et hautain. La conversation changea de sujet et se pencha sur le maire, qui n’avait pu être présent. Et pourtant elle aurait tant aimé que les rôles soient inversés, Noah à un congrès et le maire ici. Cela aurait été tellement plus accueillant… De toute évidence pour cette soirée, le ciel n’était pas de son côté, elle s’en sortirait donc avec ses propres armes…

Voyez vous ça… Peut être étais-je stressée, mais j’ai au moins l’avantage sur vous de pouvoir me trouver à l’endroit où je veux être et non là où l’on me dit. Ceci étant di, faire le pigeon voyageur étant apparemment dans vos fonctions vous pourrez donc le remercié de ma part !

Les tables étaient encore vides de toutes nourritures et boissons… Elles ne devraient sans doute plus tarder maintenant… C’était tout du moins ce que lui avait dit le traiteur qu’elle avait finit, tant bien que mal par trouver. Mais de toute évidence ce détail n’avait pas échappé à Noah qui dans sa logique ne pouvait faire autrement que de le faire remarquer à la jeune femme. Et il fallait bien avouez que sur ce coup là elle allait être coincée si … Si elle n’avait pas vu – avec un certain soulagement – arrivé les uns derrières les autres les serveurs avec les plats et les boissons.

Quoiqu'il en soit, je meurs de soif, qu'avez vous prévu pour vos invités ce soir?

Et bien voyez par vous-même, ils seront très bien servies. Mais si vous n’avez pas la décence d’attendre leur arrivée, je vous en pris servez vous !

▬ Qui sait? J'ai toujours aimé les femmes en colère ... Encore plus quand elles sont nerveuses. Croyez vous vraiment que c'est ma première sortie mondaine? Depuis des années je n'ai jamais vu des plats êtres préparés aussi tard sur les tables, un problème de timing peut-être mademoiselle Johns? Mais je ne vous en veux pas, voyez plutôt, je préfère vous tenir compagnie plutôt qu'aller me servir d'un verre de ce champagne qui pourtant, me fait de l'oeil.

L’anxiété était retombée au moment même où elle avait vu entrer par la porte les premiers plats en argent, qui recouvriraient bientôt les longues tables placés au fond de la salle principale. Mais avec elle c’était aussi envolée le poids qui lui pesait sur l’estomac quand à l’avenir de cette soirée et la force qu’elle avait dut déployer pour ne pas tout laisser tombé l’avait fatigué à un point qu’elle n’avait elle-même pas soupçonnée, mais qui la frappa de plein fouet à cet instant. Alors elle l’écoutait, sans rien dire… Après tout il avait raison, et malgré ses tentatives pour le faire partir il semblait ne pas vouloir décamper de si tôt. Alors elle se contentait se cette passivité, presque plus agaçante que ses remarques cinglantes et désagréables. Il avait beau parler elle était partie ailleurs, elle s’imaginait déjà, ce soir, enfoncé dans ses couettes en se disant que finalement, ce n’était peut être pas une si mauvaise soirée, que les invités avaient l’air de s’être amusés et elle sourirait peut être même en essayant d’imaginer les articles des plus grands journaux de Londres relatant cette magnifiques soirées pour les quelques centaines d’habitants qui n’avaient put y participer. Ou alors peut être serait ce tout le contraire, peut être qu’ils allaient dire que cette soirée avait été le plus grand fiasco jamais organisé au Ritz … Mais peu importait, pour l’instant là seule chose qu’elle voulait c’était que cette soirée se termine, ou peut être qu’elle commence, mais ne plus attendre seule avec Noah. Pourquoi est ce que malgré toutes ses tentatives pour le faire fuir il revenait inlassablement. On vous frappe la joue gauche ? Tendez la droite ?! Il aurait mieux fait de s’en aller oui.

Toujours était il qu’il avait beau parlé elle avait décroché à présent et se contentait de le regarder avec un sourire vide et sans mot dire. Mais ca ne pouvait pas durer bien longtemps, October Johns ne tend pas la joue droite. Elle se retourne et donne un coup de boule… Sauf qu’elle n’était pas en état, comme si le soulagement l’avait vidé de son énergie et qu’elle ne trouvait plus ses mots. Il devait bien rire, lui, maire adjoint de la ville de Londres de la voir rester sans rien dire. Après tout, avait elle une chance de gagner ses échanges de vacheries stériles, elle, à seulement 23 ans devant lui, de 7 ans son aîné ? De toute manière ce soir là le cœur n’y était plus. Et elle comptait bien le laisser écouter son silence. Mais …

▬ Allons, maintenant que les plats sont là vous n'avez plus rien à faire, vous méritez un peu de repos, après ce timing difficile.

▬ Ce n’était pas mon idée à la base de dirigé cette hotel d’accord ! mais j’ai pas eut le choix, je n’ai pas choisis que mes parents aient un accident, qu’ils meurent et me laisses me débrouiller seule mais je fais ca du mieux que je peux … et je pense ne pas m’en sortir si mal ! après tout je n’ai que quoi … 23 ans ? alors vos remarques vous pouvez vous les garder ! Je n’en ai pas besoin, et surtout pas aujourd’hui !

Elle s’arrêta net à cet instant. Elle ne pouvait pas avoir dit ca tout fort ! A lui de surcroit, une arme de plus pour ses remarques déplacées, pourquoi ne pas lui donner le bâton pour la battre. Elle avait baissé immédiatement les yeux au sol – phénomène assez exceptionnelle … Mais elle ne voulait pas voir son visage, son sourire satisfait de l’avoir vu craquer. Pourquoi fallait il que ce soir lui qui se trouve en face d’elle au seul moment où elle avait eut le besoin incompréhensible de prononcer ces mots. La mort de ses parents ? Elle n’en parlait jamais… Alors pourquoi maintenant ?
Toujours sans le regarder elle alla s’assoir à une table un peu plus loin. Ca y était, tous les serveurs étaient repartis en cuisines et les plats tous disposés sur les tables, à leur place, et pourtant elle était à deux doigts, quelques minutes avant le début de cette soirée, de tout renvoyés en cuisine et de tout annulé. Elle avait craqué …