Black out & Conversations foireuses • Chrysalde

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Black out &
Conversations foireuses

Jeudi 18 Février, Toilettes du McDonalds, 12h30

Il parait que les jours se suivent et ne se ressemblent pas ... On ne peut pas vraiment dire que cette phrase ait fonctionné à Londres ces derniers jours. La neige s'abattait sur la capitale anglaise depuis près d'une semaine et si les températures ne cessait de descendre le niveau de neige lui augmentait inlassablement. A croire que ce que disait les informations depuis Lundi allait se produire, bien que la fin du monde la fasse bien rire les membres de sectes qui ne cessait de sonner à sa porte en la prédisant pour bientôt commençait à lui taper sérieusement sur le système elle avait pris le parti de les éviter aujourd'hui. Il venait le plus souvent le midi, apparemment les Londoniens aimaient manger chez eux le midi ? Ou alors c'était le seul instant où ils sortaient. Peut importe, si elle voulait les éviter aujourd'hui et ne pas s'entendre dire qu'elle va finir en en enfer, elle n'avait pas vraiment d'autres possibilité que d'aller manger au McDo, cette enseigne qui c'était implanté partout au fil des années présentait l'avantage de ne pas être trop cher, et elle n'avait pas de problème de prise de poids, alors pourquoi s'en privé. Et puis c'était un des fast food les plus près de chez elle, et avec cette neige elle ne comptait pas faire des trajets de plusieurs heures. Le McDo serait dont parfait. Elle mis rapidement son manteau et enroula son écharpe autour de son cou avant de claquer rapidement la porte de son appartement.

Mais comme on ne pouvait pas dire que ces derniers jours la chance l'avait suivis, elle savait qu'aujourd'hui ce ne serait encore surement pas le cas. Alors ce n'est pas avec beaucoup de surprise qu'elle vit un groupe de vieilles femmes avec un bible dans les mains qui la regardaient avec un sourire compatissant. Super ... Elle allait quand même devoir subir leur sermon. Non, pas aujourd'hui, elle les écoutait avec respect et patience tous les jours depuis une semaine, elle aussi avait le droit à un jour de congé. Elle enfonça ses écouteurs dans ses oreilles et passa en coup de vent devant elle. Lorsqu'elle ouvrit la porte de la résidence le froid sec qui régnait à l'extérieur la pris au visage, sensation plus qu'agréable qui aurait presque pu lui faire oublier la neige qui tombait à gros flocons du ciel inlassablement blanc. Elle avança d'un pas lent parmi les gens pressés d'arriver à leur domicile et arriva bientôt dans le fast food où le chauffage était peut être un petit peu trop poussé. Enlevant son écharpe et son manteau elle s'avança vers les caisses. Mais la file d'attente était longue les toilettes lui tendaient les bras, alors elle pris le parti d'y aller d'abord. De toute manière la queue ne bougerait pas. Mais tout le monde connait les toilettes où seuls les clients peuvent entrer et bloquées par un code. Elle saisit l'occasion que quelqu'un sortait pour y entrer.

Alors qu'elle se lavait les mains toutes les lumières s'éteignirent et après avoir appuyé plusieurs fois sur l'interrupteur elle ne put que se rendre à l'évidence... La panne d'électricité annoncée avait bel et bien eut lieu ... Elle poussa la porte pour sortir dans la salle, ce n'était pas une panne d'électricité qui allait l'empêcher de manger ! Et bien de toute évidence si ... La porte était bloquée, surement à cause de la panne et elle était coincée à l'intérieur, surement pour une durée indéterminée. Décidément la chance n'était pas son fort et ne la suivait pas aujourd'hui !

t é l é v i s i o n .

zap

Chrysalde éteignit la télévision. Sur toutes les chaines ils ne parlaient que de ça. Ce temps excécrable qui durait depuis des semaines et qui semblait vouloir durer encore quelques semaines de plus.
Depuis sa fenêtre, Chrysalde regardait la couche de neige s'épaissir au fil des heures. Il lui aurait suffit d'un peu de volonté et d'un compagnon de jeu pour qu'elle se précipite dehors et commence un bonhomme de neige. Au lieu de ça, elle décida qu'il lui fallait s'alimenter. Le MacDo ferait l'affaire. Pas trop loin, pas trop cher et pas de problème si vous n'êtes pas accompagnée. Elle enfila manteau, écharpe et chapka, attrapa son sac et sortit. Dehors, le froid était glacial. Elle rabbatit le col de son manteau et continua sa route. Sous ses pas la neige s'affaissait et laissait des traces. Au bout d'un petit quart d'heure, elle arriva au MacDo. Le chauffage avait été poussé à fond ce qui faisait un décalage plus qu'énorme avec l'extérieur. Chrysalde se dirigea vers les caisses, commençant à réfléchir à ce qu'elle allait prendre. Malgré les aléas du temps et le début de panique générale, le fast-food était toujours bondé. il faut croire qu'en tant de crise, les frites et autres humbergers gardent la cote. La queue avançait assez lentement. Quand ce fut enfin son tour, Chrysalde annonça un menu plutôt conséquent. Elle n'avait pas de problème de poid et pouvait se le permettre. De plus, le froid qui régnait dehors allait de charger de faire disparaitre tout ça. Elle était de bonne humeur et répondit par un sourire poli aux oeillades et réflexions du cassier qu'elle avait en face d'elle. Elle le remerçia chaleureusement et s'en alla avec son plateau. Elle avisa une table vide dans un coin. Elle s'y installa et commença ses frites. De plus en plus de personnes envahissaient l'endroit et elle se félicita de ne pas avoir eu la mauvaise idée d'aller s'asseoir au millieu de la salle. On vint tout de même lui demander si on pouvait prendre la deuxième chaise de sa table.

Chrysalde reagarda l'heure sur son portable (elle ne porte jamais de montre). Elle avait mis à peine vingt minutes pour manger. C'est pas pour rien que ça s'apelle un fast-food. La jeune femme finit par se lever, réenfiler manteau et écharpe (la chapka vient plus tard, on ne porte pas de chapeau à l'intérieur) et elle alla jeter le contenu de son plateau dans une des poubelles mises à sa disposition. De loin, elle remarqua le cassier à qui elle avait eu affaire. Il semblait débordé avec une famille nombreuse. Elle ne put s'empêcher un petit rire. Avant de repartir affronter la banquise Chrysalde s'accorda un petit tour aux toilettes. Ces fameuses toilettes "clients only" auquelles on accède par une porte blindée protégée par un code. Sérieusement, si quelqu'un a une explication sur le fait que des toilettes soient aussi bien gardées qu'une banque, qu'il se manifeste immédiatement!
Chrysalde composa donc le code et entra dans cet endroit qui aurait plutôt dû s'appeller sanctuaire. Les toilettes -et je tiens à le préciser car l'architecture des lieux est quand même importante et que de toute façon je fais ce que je veux- étaient composées de deux parties. Deux rangées de cabines séparées par un grand carré regroupant les lavabos. Chrysalde choisit les plus proches. Elle entendit plusieurs personnes entrer. Lorsqu'elle sortit, elle alla se laver les mains. Soudain, les néons jaunâtres fixés au plafond éclatèrent et la pièce fut plongée dans le noir. Elle entendit des voix provenant d'autres cabines jurer. Elle contourna le carré, un peu à l'aveuglette et tenta de se diriger vers la sortie. Apparemment, il n'était pas nécéssaire de compter la dessus. Une silhouette s'acharnait déjà sur la porte. Bien sûr. Ces putains de portes blindées étaient automatisées et sur commande éléctrique. Visiblement, le black out attendu était enfin arrivé le petit coquin. Et évidemment, il fallait qu'elle se retrouve coincée dans les toilettes du MacDo. Qu'elle aubaine!

Une lumière s'alluma au dessus de sa tête: le néon "sortie de secours" qui fonctionnait avec des piles. Une faible lueur jaune émanait dans le pièce.
Chrysalde se retourna vers la silhouette qu'elle avait apperçue. Tiens tiens. Quelle coïncidence.

c h r y s a l d e .

Une panne d’électricité, coincée dans un McDonalds, non … Même pas dans la salle du McDo où elle aurait au moins pu manger et boire, simplement dans les toilettes. Elle avait beau tirer de toutes ses forces sur cette satanée porte rien n’y faisait. Alors elle finit rapidement par abandonner. La main toujours sur la poignée elle se perdit dans ses pensées, qu’étais ce le pire ? Les vieilles femmes des sectes où restée coincée dans les toilettes d’un McDo, certes propres mais légèrement trop petite pour y passer plus de temps que celui de se laver les mains. Toujours était-il que maintenant il était trop tard et elle allait devoir rester coincée ici un bon bout de temps avec des inconnus. C’était toujours un bon moyen de faire connaissance, quitte à rester ici autant voir les points positifs. D’ailleurs une femme s’approchait déjà d’elle, ou plutôt de la porte, pour essayer comme Alexe avant elle de l’ouvrir. Mais ce n’était pas une inconnue.. Chrysalde ? Lorsqu’elle s’approcha d’elle à la lueur de la petite ampoule qui indiquait la sortie de secours – qui n’était autre que la porte principal – il ne pouvait plus y avoir de doute, c’était bien elle. Et même avec cette lumière qui aurait donné un teint blafard à n’importe qui elle continuait d’être belle.

CHRYSALDE- Alexe? C'est bien toi?

Non sa grand-mère ! Mais il parait que je ne fais pas mon âge et que je lui ressemble beaucoup !
C’est ce qu’elle fut tentée de lui répondre, mais sa gentillesse naturelle reprenait souvent le dessus sur ces réflexions désagréable, et puis après tout elle ne lui avait rien fait cette femme. A part être aimable avec elle et lui adresser des sourires lorsqu’elles se croisaient et n’avaient pas le temps de tenir une plus longue conversation. Et puis si elles étaient coincées ici pour un moment - ce qui sans aucun doute allait être le cas puisque les autorités ne pouvaient pas tous déblayer en même temps et les hôpitaux seraient surement les destinataires des premiers secours – elle aurait du mal à se retenir indéfiniment et une phrase comme celle-ci s’échapperait surement. Autant ne pas commencer dès maintenant.

Elle avait rencontré Chrysalde par hasard, au détour des rues et des endroits qu’elles fréquentaient en commun, elle ne pouvait que finir par se parler, ou au moins d’adresser la parole. C’est ce qu’elles firent un matin … Ou peut être un après midi, peut importe en vérité. Alexe dès le départ avait un mauvais a priori de cette femme, par mauvais à priori n’entendez pas quelque chose de négatif, mais plutôt une jalousie quelque peu dissimulée de la jeune Alexe. Et au fur et à mesure de leurs conversations, qui n’étaient autres que les banalités d’usages que l’on peut échanger avec des personnes encore peu connues, la jalousie d’Alexe grandissait en elle. Non seulement elle était jolie cette femme, mais en plus elle avait une personnalité que les gens ne pouvaient qu’apprécier. En définitive elle avait tout pour plaire, et il n’en fallait pas plus à Alexe pour se sentir inférieur à Chrysalde, et si elle continuait à avoir un comportement courtois envers la jeune femme elle ne ressentait que de la jalousie à son égard.

ALEXE - Tiens ! Il faut croire que je connais au moins une personne et que je m’ennuierai peut être moins que ce que je le pensais ! Si tu voulais essayer la porte je vais t’éviter des efforts inutiles elle est fermée et ne s’ouvrira pas …

Coincée dans les toilettes du MacDo. L'odeur des désodorisants se mêlait aux effluves de frites trop huilées qui parvenaient, elles, à traverser la porte. Le mélange n'était pas très agréable.

a l e x e .

Dans la voix d'Alexe, une pointe d'ironie perçait. Maintenant qu'elle y pensait, Chrysalde s'appercevait que cela avait toujours été le cas lors de leurs courtes conversations. Une ironie, voilée certes, mais bien présente. On aurait pu penser à une sorte d'avertion mais, non, ce n'était pas possible voyons. Elles ne se connaissaient pas assez bien pour se détester. Quoi que. On parle du coup de foudre. Les gens qui à priori en sont atteints ne se connaissent pas plus. Serait-il possible qu'il existe aussi une sorte de coup de foudre à l'envers? Chrysalde cligna des yeux. Elle devait se défaire de cette idée qui n'était que pure invention. Alexe était une jeune femme très sympathique et elle devait s'être trompée en percevant cette ironie. Ou bien dans le pire des cas elle était due à autre chose. L'autrichienne se ressaisit et retourna à la conversation.

c h r y s a l d e .

Elle se força un petit rire censé détendre l'atmosphère qui, il est vrai, était un peu tendue. Derrière la grande porte blindée, on entendait des cris. Malgré toute cette propagande, les gens étaient encore surpris et affolés que le courant soit coupé. Au vu de la panique générale au dehors, les filles allaient sûrement rester là quelques temps. Les gens n'allaient pas directement penser aux pauvres clientes coincées dans les toilettes. Chrysalde recula un peu et s'assit sur le rebord du lavabo, toujours face à Alexe. C'était drôle qu'elles se retrouvent comme ça toutes les deux dans un endroit si insolite le jour du black out. Un peu comme si le destin les avaient placées là exprès pour qu'elles fasse plus ample connaissance. Il faut dire qu'elles ne pouvaient pas se vanter d'être les meilleures amies du monde. A force de fréquenter les mêmes boîtes, les mêmes restaurants et de se croiser constemment, elles avaient bien dû engager un semblant de conversation. Seulement on ne peut pas dire qu'elles se connaissaient bien. Un prénom, une vague idée d'âge, un métier peut-être. Le dossier n'était pas bien épais. Chrysalde se redressa. Elle prenait cela pour une opportunité. Au millieu de toute cette merde, elle restait positive et voyait "la verre à moitié plein" comme on dit. Un sourire toujours accroché à son visage, elle rayonnait. Alexe, en face d'elle, sous la vague lumière jaune, semblait la fixer. Alexe était, selon Chrysalde, une très jolie femme. Dans ses yeux elle pouvait voir cette étincelle, cette précieuse indépendance.

c h r y s a l d e .

Chrysalde avait conscience que ce qu'elle venait de dire était assez infantile. Un jeu de gamin naïf. Mais c'était tout ce qu'elle avait trouvé. Le désodorisant devait lui monter à la tête. Quoi qu'il en soit, elle n'allait pas le retirer et puis comme elle l'avait si bien dit elle-même, ça faisait passer le temps. En attendant qu'une équipe de pompiers sexy arrive et les délivre de leur donjon aux odeurs de lavande, elles allaient peut-être un peu mieux se connaitre.

CHRYSALDE - oui c'est vrai. Quoique, même à deux, les activités ne sont pas très nombreuses dans les toilettes d'un Mac Donalds.

Sur ce point là, elle n’avait pas tout à fait tort… Elles avaient au moins eut la chance de tomber dans des toilettes propres et … plutôt grande. Décidément, le McDo et cette panne d’électricité ne lui réussissait pas, si elle se mettait à analyser la grandeur et la propreté des toilettes c’est qu’il y avait réellement quelque chose qui clochait dans sa tête. Nous allons dire que c’était à cause du stress de la panne d’électricité que ses pensées dérivaient autant, et c’est ce qu’elle préférait croire également. Toujours était-il qu’elle était coincée ici pour un bout de temps, et les cris qui venaient de l’extérieur ne faisait qu’appuyer la certitude qu’elle avait déjà… Elle devrait rester ici et surement dépasser les simples bonjours qu’elles échangeait d’habitude avec son interlocutrice. Ainsi soit-il, elle pourrait tenir quelques heures ! Elle s’était levé de bonne humeur ce matin et c’est ce qui lui permettrait de garder le sourire jusqu'à ce que les portes puissent de nouveau s’ouvrir.

ALEXE - C’est vrai que sur ce point là tu n’as pas tout à fait tort ! Mais c’est toujours mieux que tout seul !

Elle avait dit ça avec un grand sourire et elle arrivait presque à garder sa jalousie grandissante pour elle. Presque. Elle fouilla un instant dans son sac alors que Chrysalde semblait perdu dans ses pensées et en sortit une bouteille sans étiquette et remplit d’une boisson translucide. Débouchant la bouteille elle en but rapidement plusieurs gorgées avant de la remettre dans son sac callée entre ses gants et son écharpe. Les cheveux retenus en arrière par un élastique détendu et sur le point de craquer elle leva la tête et tourna la tête vers Chrysalde qui la regardait de nouveau, sur le point de lui dire quelque chose.

CHRYSALDE - je propose un petit jeu. Chacune à tour de rôle on pose une question à l'autre pour en savoir un peu plus sur elle. Peut-être qu'on se trouvera des points communs. Et au moins, ça nous fera passer le temps.

C’était peut être un peu enfantin, mais ça lui plaisait. On ne pouvait pas dire que la maturité soit le point le plus caractéristique d’Alexe. Et puis ce qui se passe dans les toilettes du McDonalds, reste dans les toilettes du McDonalds… Non ? Ca ne marche pas ? Tant pis, de toute façon, la patience n’était pas non plus son fort et il fallait qu’elle s’occupe. Elle aurait surement préféré le faire avec quelqu’un d’autre, mais de toute manière elle n’avait pas le choix, alors elle s’occuperait comme elle le pouvait. Et puis tout ne pouvait pas être si parfait chez cette femme, ça lui permettrait peut être de trouver des points négatifs qui la ferait paraître plus … « approchable ».

ALEXE - Je prends ! Mais ce qui se passe ici… Reste ici on est d’accord ? Je commence, dit elle avec un enthousiasme non dissimulé. Quel mensonge regrette tu le plus d’avoir dit ?

Elle commençait fort … Elle ne pouvait pas le nier, mais les questions de bases ne lui venais pas en tête, et puis si, par le plus grand des hasard, elles avaient la possibilité de bientôt sortir, autant essayer d’en savoir le plus possible dès maintenant…

Chrysalde se passa la main dans les cheveux. Elle esperait une réponse positive de la part d'Alexe. Elle esperait aussi qu'elle n'allait pas la prendre pour une folle. Mais après tout, il n'y avait pas de raison. C'est un moyen comme un autre pour connaitre un peu mieux la personne en face de soi.

a l e x e .

Chrysalde avait hoché la tête lorsqu'Alexe avait mentionné le caractère secret des informations qu'elles allaient se révéler. Elle avait l'air plutôt enjoué à l'idée de débuter ce petit jeu. Que pensait-elle découvrir de si interressant à propos de Chrysalde? Elle décida que c'était elle qui allait commencer et posa sa première question. "quel mensonge regrettes-tu le plus d'avoir dit?" waw, elle y allait fort pour sa première question. Apparemment, le questionnaire d'usage lui était passé sous le nez. Oh et puis de toute façon quelle importance? Chrysalde était-elle réellement interressé par le fait de savoir si Alexe avait des chiens ou pas? Non. Et c'est pourquoi elle commença à réfléchir. Quel mensonge n'aurait jamais dû sortir de sa bouche? Quel est celui dont elle se souviendrai toute sa vie comme d'une erreur monumentale? En quelques années, Chrysalde semblait être passée maître dans l'art de berner son monde. Son ancienne vie, seuls quelques privilégiés qui en faisaient parti la connaissait. Même Corneille n'était pas encore au courant, c'est dire! Mais elle n'allait pas regretter ce mensonge. Si elle avait changé du tout au tout ce n'était pas pour le crier sous les toits et voir les personnes qu'elle aimait partir une à une. Non, celui-là elle ne le regretterait jamais.

Mais alors que lui dire? Chrysalde envisagea la possibilité d'inventer un quelconque mensonge mais elle voulait jouer le jeu et piur cela, elle n'avait pas le droit de tricher. Elle rassembla ses esprits, chercha dans ses souvenirs. Elle trouva plusieurs choses. Des evenements de son enfance. Bien sûr, si elle avait voulu les raconter il aurait fallu qu'elle transpose tout, qu'elle inverse féminin et masculin. Car malgré le fait qu'elle ai réussi à éliminer toute trace d'homme dans son corps comme dans son esprit, ses souvenirs ne pouvaient pasêtre changés. Elle essaya de trouver quelque chose qui soit moins éloigné dans le temps. Elle avait menti à ses parents. L'année ou Elmir avait quitté le nid familial il avait dit à ses parents qu'il partait faire un tour du monde. En réalité il s'était rendu directement à la clinique et quand il en était ressortit il n'était plus le même homme, en fait, il n'était plus un homme du tout. Depuis ce temps, Chrysalde prenait soin d'envoyer des lettres censées provenir des différents pays du monde à son père et à sa mère. Elle se déplaçait souvent jusqu'en Autriche où elle se présentait à eux comme une amie proche d'Elmir. Chrysalde leva la tête. Elle se rétracta. Pas ça, pas celui-là. Elle adorait ses parents et elle ne voulait pas être prise pour un monstre. Car Alexe ne comprendrait pas si elle n'avait pas toute l'histoire. Toute l'histoire depuis le début.

c h r y s a l d e .

Quinn. Elle avait un peu bricolé son histoire avec Quinn. Bien sûr, il n'avait jamais découvert qu'elle avait été stripteaseuse. Ceci n'était que pure invention, la première chose qui lui soit venu à l'esprit pendant qu'elle racontait. Cependant le reste était loin d'être faux. Elle avait aimé Quinn, pendant un temps. Pas de la même façon qu'elle aimait Corneille mais tout de même, ça comptait. Toutefois le fait qu'il ai appris qu'elle avait été un homme était la goutte d'eau. Elle s'était résignée. Elle l'avait quitté. Et elle l'avait regretté. Mais à présent c'était différent. Elle ne voyait plu squinn que comme un ami avec qui elle pouvait parler franchement de choses et d'autres.

c h r y s a l d e .

A présent c'était à Alexe de répondre. La question était un peu la même mais elle concernait un domaine un peu plus large. Chrysalde souriait malgré elle. Au fond, elle aussi avait hâte de connaitre les regrets de son interlocutrice.

CHRYSALDE - Un jour j'ai... j'ai rompu avec un type. Il avait découvert quelque chose sur moi. Il savait... il savait que j'avais été... stripteaseuse! Je lui ai dit qu'on ne pouvait plus etre ensemble, que je ne voulais plus, que c'était trop compliqué. Je ne le pensais pas. Ca ne le dérangeait pas lui que j'ai été...hum, stripteaseuse. Mais je ne sais pas, ça a été comme une sorte de réflexe, je l'ai quitté. Et je le regrette. Parce que je l'aimais vraiment beaucoup. Vraiment...

De toute évidence le fait qu'Alexe commence avec une question dépassant les simples banalités n'avait pas spécialement dérangé Chrysalde, qui après avoir chercher quelques instants répondit à sa question. Streapteseuse ?! Elle ne s'attendait pas à ça ... Quoi que Chrysalde n'avait surement eut aucun mal à entrer dans ce métier, comme dans beaucoup d'autres surement ... Qu'est ce qu'elle faisait d'ailleurs ? Elle n'en avait aucune idée. Peut être qu'elle lui avait déjà demandé, ou qu'elle l'avait déjà dit dans une conversation. C'est dans ces moments là qu'Alexe se rendait compte qu'elle tentait toujours d'écourter les conversation avec cette femme qui semblait avoir tout pour elle sans toujours écouter ce qu'elle lui disait. C'était sans doute aussi pour ça qu'elle avait éviter les question bateaux par lesquelles commencent ces genre de jeux. Parce qu'elle ne se souvenait pas de ce qu'elle savait déjà et que malgré tout elle ne voulait pas laisser transparaitre à Chrysalde ce qu'elle ressentait envers elle, un mélange de jalousie et ... d'admiration, ce qui va souvent ensemble je vous l'accorde. Peut importe.. c'était maintenant à elle de poser sa question, et Alexe l'attendait avec un mélange d'impatience et d'appréhension.

CHRYSALDE - Mais c'est du passé tout ça. Je l'ai beaucoup regretté mais à présent, je vois comment les choses ont évolué et je n'ai pas à me plaindre, je suis très heureuse... Bon, hé bien je pense que c'est à mon tour de poser une question. Quel est ton plus grand regret? Je ne parle pas uniquement de mensonge ou quoi, seulement ton plus grand regret.

Plutôt pas mal comme question non plus ... Et malheureusement une image lui était immédiatement venu en tête à cette instant. Elle avait beau cherché autre chose rien ne venait, elle devait bien en avoir d'autres des regrets pourtant, mais non, aucun ne semblait surpasser celui là. Ce jour où elle a fait un caprice énorme à ses parents parce qu'elle voulait jouer à cache cache dans la maison mais ne voulait pas aller au parc.

Citation :: MATT - Allez Alexe, ma chérie ! Il fait beau dehors, pour une fois qu'il ne pleut pas on peut aller au parc !
ALEXE - NOOOOON !!!! JE VEUX PAAAAS !!! Je m'en fou du parc je veux rester ici et jouer a CACHE CACHE !!!!!!

Matte regardait sa fille avec intérêt, il n'aimait pas céder à sa fille. Mais dans ce cas là il savait pertinemment ce qui allait se passer s'il l'obligeait à sortir. Ils allaient arriver au parc, elle allait s'assoir sur un banc, et d'ici une dizaine de minutes ils seraient tous les trois de retour à la maison, lui, sa femme, et Alexe. Alors ils ont joué à cache cache, et sont restés dans la maison. Jusqu'au moment où ... Tout bascula. Ils étaient entrés. Cagoulés. Ils les ont allongés, un pistolet sur la tempe. Ils ont tirés. Ils sont morts. Et Alexe, petite fille de 8 ans à peine, était caché sous le canapé, juste en face, elle avait été le dernier regard apeuré de ses parents.

Et si elle était sortie, et si elle était allé au parc, et si ... Quand on dit qu'avec des si on peut refaire le monde, on peut difficilement imaginé à quel point cette phrase peut être vraie. Elle peut refaire le monde, ou simplement une vie. La vie d'une petite fille qui en une seconde à grandi, à été obligé de grandir. Ainsi va la vie comme on dit. Mais elle aurait pu être tellement différente sa vie, à elle, simplement grâce à un caprice de moins. Elle avait rencontré des gens formidables ensuite, ses parents adoptifs étaient sans aucun doute les meilleurs du monde.

C'était ça, la réponse à la question de Chrysalde. Mais se connaissaient elles assez pour qu'Alexe est le courage de dire ça, de trouver les mots pour raconter cette histoire qu'elle ne racontait pourtant que si rarement. De toute évidence elle n'aurait pas le choix, puisque c'était les seules images qui lui revenait en tête, inlassablement, comme toutes ses nuits où l'insomnie la gagnait, où les cris la réveillaient de son sommeil agité. Une main sur la bouteille qui était dans son sac, Chrysalde lui avait répondu avec sincérité ... Et le mensonge n'était, de toute manière pas son fort. Elle sortie la bouteille et la gardant dans les mains sans l'ouvrir elle ouvrit la bouche, scrutant la demi-obscurité pour vérifier que personne ne se trouvait trop près.

ALEXE - Euh ... j'ai essayer de trouver autre chose .. Mais j'ai eut beau réfléchir rien n'est venu ! Donc ...

Encore un instant d'hésitation, une dernière pensée, un dernière réflexion, mais rien ne venait. Alors elle continua de tourner la bouteille dans ses mains, toujours assise par terre contre la porte, et sans la quitter du regard elle essaye de trouver ses mots. Ces mots qui ne venaient pas. Elle avait commencer, elle devait terminer, mais elle ne regarda pas un seul moment Chrysalde dans les yeux. Elle ne voulait pas savoir ce qu'elle pensait, ou deviner une quelconque pensé dans les yeux de la femme à qui elle allait dévoiler son plus grand regret, sa plus grande erreur.

ALEXE - Quand j'avais 8 ans ... J'ai fait un caprice, comme beaucoup de petite fille de cette âge je pense. Elle ne put retenir à cet instant un rire crispé. Mon père voulait qu'on aille au parc et je n'avais qu'une idée en tête, jouer à cache cache... Des hommes, ou des femmes, qui pourrait le dire, sont entrés dans la maison. J'étais cachée sous le canapé .. Et ils ont tués mes parents sous mes yeux ... Si je n'avais pas joué à la petite princesse trop gâtée, rien de tout ca ne serait arrivé...
...
Mais retournons dans les choses plus ... joyeuse ! Quel est la chose dont tu es la plus fière ?

Elle ne voulait pas s'attarder là dessus, elle avait trouvé cette question le plus rapidement possible, espérant que Chrysalde ne relèverait pas la confession qui précédait. Étais ce possible ? Qui sait, elle pouvait toujours essayer. Elle dévissa la bouteille qu'elle tenait toujours dans les mains, en but rapidement et releva son regard vers Chrysalde.

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