Elmir/Chrysalde est tellement difficile à cerner. Pour simplifier certains diront que c'est un être à double-personalité, un shizophrène. Une femme d'un côté, un homme de l'autre. En réalité il aimerait tellement n'être qu'elle. Sur lui, son côté femme prime et elle n'a que faire de son côté homme. Il est une femme et ne veut plus entendre parler du passé, de son ancienne enveloppe corporelle. Il prône "la vraie personalité, celle de l'intérieur, pas de l'extérieur".


MENSONGE ça peut toujours servir. De toute façon, sa vie est un peu basée là-dessus et il/elle n'y peut rien. C'est dans sa nature. Et puis tant qu'à l'avoir à ses côtés, autant le faire entrer dans ses habitudes. Avancer, rejeter le passé, ménager et parfois même blesser; autant de raisons de s'approprier le mensonge.
SERIEUX pas coincé(e) pour un sou, loin de là. Seulement certaines choses doivent se prendre au sérieux. Les grandes décisions notemment. Pour être sûr(e) de faire le bon choix voyez-vous? En revanche, E/C ne manque en aucun cas d'humour, c'est d'ailleurs un élément très important dans sa vie. Une femme qui ne rit jamais se ride plus vite. Et puis voir le sourire d'une femme est tellement agréable.
CURIOSITE depuis toujours. Depuis le temps où il n'était encore que curieux du corps des femmes. Jusqu'à aujourd'hui où la curiosité féminine s'amuse et questionne. Et puis il y a la curiosité intellectuelle qui va de mise avec sa grande intelligence. Essayer d'en savoir toujours plus sur tout.
STRESS comme chez tout le monde, il y en a. Le stress dans le travail. Son travail est un travail très aléatoire et la peur de ne pas pouvoir vendre ses photos ou de ne pas avoir de place dans telle galerie est très présente. Comme toute femme stressée qui se respecte, Chrysalde se ronge les ongles. Et pas question de faux-ongles pour cacher tout ça. C'est la seule partie de son anatomie qu'elle tolère de laisser telle quelle. Pour tenter de se calmer et d'évacuer le stress, elle copie de nombreuses femmes et fait du yoga. Rien à voir avec le programme tout à fai timpersonel de la wii, non non, elle va dans un club où toutes les conditions sont respectées. Murs capitonnés pour ne laisser passer aucunes nuisances sonores, pipelettes et comères en fond de salle, orchidées, bambous et bonzaï dans la salle et bien sûr, le moniteur ultra-sexy.
ACTIVITE toujours. Ne jamais perdre une seconde. Le créneau de la femme active et indépendante. Aussi les conversations sans interêt et qui ne mènent nulle part ne l'interessent pas. Quand la belle Chrysalde ne court pas les rues à la recherche du sujet parfait à photographier elle enchaîne les longueurs à la piscine (rien de mieux pour entretenir ce nouveau corps de rêve). Ne jamais se laisser envahir par l'ennui, jamais! Toujours aller de l'avant, toujours entreprendre.
FEMINITE en tant que femme, Chrysalde est coquette, enjouée, rêveuse, sensible raffinée. Un petit brin de femme qui aime la bonne cuisine, les bougis parfumées et les belles histoires d'amour. Combien de fois a-t-telle pleuré devant Titanic...
Quand on vous disait que la femme prenait carrément le dessus sur l'homme.

Lorsque le petit Elmir Béjart est né, il faisait la fierté de ses parents. Premier né et en plus de cela, un garçon. Il fut choyé au sein d'une famille unie et tout ce qu'il y a de plus normal. Son enfance se passa comme celle de tous les enfants de son âge. A la maternelle il eut sa première amoureuse qu'il prenait par la main quand ils allaient au parc. En primaire il regardait les filles de loin. Il y eut ensuite sa première boum; Il dansa ses premiers slows, ses mains posées sur les hanches de sa copine. Au collège il eu plusieurs petites amies et il perdit sa virginité à quatorze ans lors d'une colonie de vacances. Déjà en ce temps là, il ne voyait pas les filles comme n'importe quel garçon. Il observait leurs gestes, leur allure, leur démarche, le moindre de leur sourire. Il voyait aussi l'effet qu'elles avaient sur les hommes. Il examinait leurs mains si fines, leurs longues jambes et leur chevelure qui dansait au gré du vent. Il observait leur cou, si fragile et leur poitrine, dunes de plaisir.
Il se fit traiter de voyeur. Peu importe. Ses amis y allaient avec leurs tapes dans le dos disant "alors mon grand, on mate les gonzesses? On se décide à passer à l'action?". Il ne matait pas, il observait, il enviait.

Il jalousait toutes ses courbes, cette finesse, cette fragilité, cette sensualité. Lui, homme, bourru, fort n'avait rien à voir avec elles. Quand les femmes pleurent, on les console. Quand les hommes pleurent, on se fout d'eux. Quand les femmes tombent, on les ratrappe. Quand les hommes tombent, on se fout d'eux. A quoi bon être un homme? Elmir avait au fond de lui cette sensibilité, cette coquetterie, ce raffinement, cette rêverie. Il en vint un jour à se demander si le mec tout là-haut ne s'était pas trompé de corps pour lui. Il était femme dedans, homme dehors. Même si certains de ses traits de caractère étaient propres aux mâles ce n'était dû qu'au fait qu'il avait été traité comme tel pendant toutes ces années.

On parle du ying et du yang. On dit que dans chaque être humain il y a un peu de l'autre. Chez Elmir il y avait beaucoup de l'autre. Il avait vingt-deux ans, il sauta le pas.
Aujourd'hui, cela fait trois ans qu'il vit comme il a toujours rêvé. Un nouveau corps. De femme. Il aime les hommes. Il admire les femmes. Il ne se considère pas comme homosexuel. Puisqu'il est femme. En soi il, elle, est très complexe. Sa jalousie l'a mené plus loin que n'importe qui. Changer de sexe. Changer de vie.